« Pulsion de vie & Manne d’amour » par Océane Myosotis
Deuxième post d’Avril ! Rubrique « Ero'Topic * » (catégorie « Corps * »), par Océane Myosotis, l'une des 3 Mira'Belles Sensu'Elles * ! Cet article est illustré par la vidéo « Do what U want * », que vous pouvez (re)découvrir en cliquant sur le titre. Ptite précision à ce propos : un clic sur chaque mot apparaissant en caractères rose clair et suivi d’un * est un lien qui vous amène vers un autre site, une autre page du site ou encore vers un document à télécharger !!
« Pulsion de vie & Manne d’amour »
La vie, une pulsion. L’amour, une manne…
Etre animé par l’envie de vivre. Avoir la chance d’aimer et d’être aimé.
De la vie émane l’amour. De l’amour émane la vie.
La pulsion de vie. Eros. Erotisme ? Sensualité ?
La sensualité selon Pierre Louÿs « est la condition mystérieuse, mais nécessaire et créatrice, du développement intellectuel. Ceux qui n'ont pas senti jusqu'à leur limite, soit pour les aimer, soit pour les maudire, les exigences de la chair, sont par là même incapables de comprendre toute l'étendue des exigences de l'esprit. De même que la beauté de l'âme illumine tout un visage, de même la virilité du corps féconde seule le cerveau ».
Ce passage, extrait de la préface du livre « Aphrodite » *, évoque bien le lien qui existe entre le corps et l’esprit, entre le charnel et l’intellectuel.
Dieu de l’amour charnel, Eros (ou Cupidon pour les Romains) est le fils de la déesse Aphrodite, déesse de l’amour et de la beauté (Vénus pour les Romains), qui l’aurait conçu, trois paternités à envisager : soit avec Hermès, le messager des Dieux (Mercure pour les Romains), soit avec Arès, le Dieu de la guerre (Mars pour les Romains) soit encore avec Chaos, qui est l’incarnation primitive de la nature !
Principe originel assurant le développement et la cohésion du Cosmos, Eros est une force fondamentale, c’est l’instinct qui pousse les dieux, les déesses, les hommes et les femmes à s’unir, à se reproduire.
Si l’on en croit le poète grec Hésiode, il y aurait eu d’abord l’Abîme, puis la Terre et ensuite l’Amour serait arrivé pour dompter les cœurs et la volonté des Dieux et des hommes…
Eros a aussi été une source d’inspiration pour le père de la psychanalyse. La libido (c’est-à-dire les pulsions sexuelles) est en effet définie par Freud comme étant toute l’énergie provenant de l’Eros.
Pour revenir à la mythologie, Eros a deux compagnons, Pathos (la Passion) et Himéros (le Désir), avec lesquels il pimente la vie des Dieux et des hommes. Et puis un beau jour le Dieu de l’amour charnel tombe amoureux d’une mortelle : Psyché, belle jeune fille symbolisant l’âme humaine. S’ensuivent alors maintes péripéties durant lesquelles Psyché vit un véritable calvaire. A l’issue de l’une des épreuves auxquelles elle est soumise, elle est admise parmi les immortels. Zeus accepte finalement de consacrer l’union d’Eros, l’Amour, avec Psyché, l’Ame.
Croire en l’Amour, le seul, le vrai, celui qui anime le corps, l’âme et l’esprit, est-il une utopie ? A ce propos, « Utopie » est un mot introduit par Rabelais en 1532, nous dit Yves Simon dans son roman « Le prochain amour ». Nom propre d'un pays imaginaire, d’après l'étymologie grecque, u-topie signifie « en aucun lieu ».
Et donc Ero’Topie signifie « le lieu de l’amour » ! Un autre pays, imaginaire celui-ci ? Réponse avec « Emmanuelle », un film sorti en 1974, adaptation du roman éponyme d’Emmanuelle Arsan. Jeune mariée, Emmanuelle se voit confiée par son époux à Mario, un homme plus âgé, et donc plus expérimenté. Pourquoi cette démarche ? Pour lui faire franchir cette frontière qui la sépare d’un pays généralement interdit. Celui de l’érotisme… Scène finale du film. Dernière épreuve de ce voyage initiatique. Mario interroge Emmanuelle :
Mario : Comment concevez-vous l’érotisme ?
Emmanuelle : Et bien, c’est, comment dire… C’est le culte du plaisir des sens.
Mario : Pas du tout. Ce n’est pas purement un exercice des sens. C’est au contraire un mouvement de l’âme… Une école. Un art qui aide à humaniser les actes sexuels. C’est renoncer au subterfuge au profit de la lucidité.
Emmanuelle : Et bien, si c’est ça, ce n’est pas très tentant. En somme, l’érotisme, c’est le contraire de faire l’amour…
Mario : C’est surtout, à travers l’amour, l’effort que fait l’homme pour rompre avec le quotidien. C’est la victoire du rêve sur la nature.
Emmanuelle : Je préfère penser à l’amour comme à un plaisir… Tout simplement.
Mario : Mais ce qui importe, ce n’est pas de faire l’amour, mais comment on fait l’amour.
Emmanuelle : Aaah… Vous voulez dire les 32 positions !
Mario : C’est absurde. Bien que les asiatiques tiennent essentiellement à la technique des corps pour atteindre un certain degré de plénitude. Oui. Il faut partir du corps pour aller vers l’autre… Et vers soi-même. Il faut dénouer un bâillon. Il faut libérer ce hurlement qui revendique depuis… depuis des siècles. Détruire les valeurs établies. Peupler votre tête de plus de sensations que ne peuvent en donner tous les hommes de la terre. Il faut se servir de l’insolite. L’insolite qui veut dire hors de la coutume. La femme que l’on engrosse au fond du lit conjugal ne connaît pas l’érotisme. Il faut organiser des aventures économes. Privées de sentiments et de mots.
Toujours Mario : « La tête vide où je suis devenue si peureuse et si avide… que la mort seule pourrait la satisfaire »…
Emmanuelle : Pourquoi dites-vous cela ?
Mario : Il ne faut pas se résigner. A aucun prix. As-tu remarqué, lorsque l’on dit cela, tout le monde est d’accord. Mais s’il s’agit de sexe, alors c’est le scandale et les tabous ancestraux etc. Moi, je suis un collectionneur. Ce qui est édifiant et respectable. Je collectionne les situations. (…) L’amour vrai, le véritable amour, est toujours contre nature. L’amour véritable, c’est l’érection. Ce n’est pas l’orgasme. (…) Il faudrait mettre le couple hors-la-loi. Il faudrait de force y faire rentrer quelqu’un. Une troisième personne.
Emmanuelle : Vous ne voulez pas de moi, n’est-ce pas, Mario ?
Mario : C’est une autre que je veux. Une autre Emmanuelle. Celle que je ne connais pas encore et que vous ne connaissez pas vous-même. Il faut arriver à l’inconnu par le dérèglement de tous les sens…
Puisant dans les correspondances de Charles Baudelaire, Rimbaud évoquait déjà ce « dérèglement de tous les sens » dans une Lettre à Paul Demeny, datée du 15 mai 1871 :
« Je dis qu'il faut être voyant, se faire voyant. Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. Toutes les formes d'amour, de souffrance, de folie ; il cherche lui-même, il épuise en lui tous les poisons, pour n'en garder que les quintessences ».
Si Baudelaire a été le premier à faire le lien entre les parfums, les couleurs et les sons, le premier à évoquer la magie des sensations, avec Rimbaud, le dérèglement des sens aboutit à une fusion entre monde intérieur et monde extérieur, entre imagination et pensée, entre rêve et réalité…
Entre amour charnel et pulsion de vie.
L’érotisme, manne ou manie ? Qui dit manie dit érotomanie, terme venant du grec erotomania : de eros, « amour », et mania, « délire ».
Définition de l’érotomanie par J.-É. Esquirol dans le tome XIII du Dictionnaire des sciences médicales, datant de 1815 :
« Dans l’érotomanie, l’amour est dans la tête. On parle aussi de mélancolie amoureuse. L’érotomanie consiste dans un amour excessif, tantôt pour un objet réel, tantôt pour un objet imaginaire. C’est une affection mentale, dans laquelle les idées amoureuses sont fixes et dominantes, comme les idées religieuses sont fixes et dominantes dans la théomanie (ou mélancolie religieuse). L’érotomanie diffère de la nymphomanie dans laquelle le mal vient des organes reproducteurs et dont l’irritation réagit sur le cerveau. La nymphomane est victime d’un désordre physique. L’érotomane est le jouet de son imagination ».
L’imagination chez l’érotomane serait à ce point débordante d’amour qu’elle deviendrait obsession ?
Autre proposition, ayant pour source d’inspiration ce titre d’une autobiographie, « Eros ou l’Auto-Manne * », par découpage des signifiants de ce mot, « érotomane » :
« Ero(s) » : dieu de l’amour et pulsion de vie ;
« Oto », à écrire ainsi « auto » : ce que l’on fait soi-même ;
« Mane », ou « manne », avec 2 « n », nom féminin, qualifié de littéraire, qui désigne une aubaine, un avantage inespéré, une chose providentielle…
Oui ! C’est bien une providence, une chance, un avantage assurément que de savoir cultiver son érotisme, et ainsi entretenir sa pulsion de vie.
L’imagination en fusion…
De cette fusion nait l’effusion.
Parfum d’absolu. Concentré de volupté.
Terre inconnue. Sillage d’éternité.
Alchimie du désir grandissant en même temps que la complicité.
L’émotion. L’intensité.
Histoire d’O.
« O » comme Ode à l’amour et à la sensualité…
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