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« Danse du cœur & battement d’Elle » par Holly Moon

Troisième post d’Avril ! Rubrique « Choré'Graffic * » (catégorie « Ame * »), par Holly Moon, l'une des 3 Mira'Belles Spiritu'Elles * ! Cet article est illustré par la vidéo « Salma ya Salama * », que vous pouvez (re)découvrir en cliquant sur le titre. Ptite précision à ce propos : un clic sur chaque mot apparaissant en caractères rose clair et suivi d’un * est un lien qui vous amène vers un autre site, une autre page du site ou encore vers un document à télécharger !!


« Danse du cœur & battement d’Elle »

La danse du cœur, à l’écoute de ses émotions.

Le mouvement du corps, au rythme de ses sensations…


Platon a dit : « La musique donne une âme à nos cœurs et des ailes à la pensée ».


La musique en général. Et tout particulièrement la musique orientale.

D’où le choix de ce titre « Salma ya Salama », interprété ici dans une version « Olé y Ola » par le groupe Alabina, pour accompagner la vidéo illustrant cet article.

(vidéo à voir ou revoir en un clic ICI * !).


« Salma ya Salama » est à l’origine une chanson du folklore égyptien. La chanteuse Dalida, d’origine italienne, était née au Caire. Elle avait d’ailleurs remporté quelques concours de beauté là-bas, dont le titre de « Miss Égypte 1954 ». Grandement appréciée dans les pays arabes, elle a eu un jour l'idée de chanter dans leur langue. Elle portera son choix sur le titre « Salma ya Salama », qui sera le succès raï de 1977 et qui deviendra un véritable hymne au Moyen-Orient. Dalida enregistrera la chanson en français, en arabe égyptien, en italien et même en allemand.

(Pour écouter et voir Dalida chantant la version en français, un clic ICI * !!).

L’Egypte, le Caire. C’est là-bas que décide de se rendre Lola dans le film « Whatever Lola wants », sorti sur les écrans en 2008.


Lola (interprétée par Laura Ramsey) a 25 ans, elle vit à New York et travaille comme postière en attendant de réaliser son rêve : être danseuse professionnelle. Son meilleur ami est Youssef, un jeune égyptien venu s’installer à New York pour pouvoir vivre son homosexualité au grand jour. Il parle à Lola de sa grande admiration pour Ismahan, véritable légende de la danse orientale au Caire. Youssef travaille dans un restaurant où Lola vient le retrouver régulièrement. C’est là qu’elle rencontre Zack, lui aussi égyptien, avec lequel débute une idylle. Très vite, leur histoire d’amour tourne court, Zack, ayant pris conscience des différences culturelles qui les séparent, décide de repartir en Égypte. Lola part le rejoindre là-bas, sur un coup de tête. Mais la famille de Zack ne l’accueille pas à bras ouverts et le jeune homme déçoit Lola par son attitude distante. Elle repense alors à l’histoire que lui a racontée Youssef à propos d’Ismahan et elle se met à la recherche de la danseuse, bien décidée à ce que celle-ci lui enseigne la danse orientale.


Et c’est cette rencontre entre Ismahan et Lola qui est au cœur de ce film réalisé par Nabil Ayouch, lequel explique son intention dans le dossier de presse du film dont voici un court extrait : « Lola et Ismahan nous racontent une histoire simple, la rencontre de deux femmes de cultures différentes dont les destins sont liés ».

(Pour lire l’intégralité de sa note d’intention : un clic ICI * ;

Pour voir le réalisateur interviewé au sujet de son film, un autre clic ICI **).

Le film est composé de 12 chapitres. Dans le chapitre 8., intitulé « Deux jours de bonheur », l’élève et le professeur deviennent encore plus proches et se confient l’une à l’autre. Lola n’arrive pas à faire les gestes qu’Ismahan lui demande de faire, on la sent perdue, découragée. Retranscription de leur dialogue :

Ismahan : Tu dois être toi-même et ça je peux pas te l’apprendre.


Lola : Moi-même ? C’est pas ce que les hommes veulent.

(Elle fait allusion à Zack qui voulait que Lola soit avant tout une épouse, une mère, reléguant ainsi au second plan sa carrière de danseuse).


Ismahan : Peu importe ce que les hommes veulent, c’est pour toi que tu dois danser, pas pour les hommes.

(Lola est confuse, elle s’agite, n’arrive pas à dire ce qui la trouble)…


Ismahan : Regarde toute cette énergie que tu gaspilles. Garde cette énergie et utilise-la. Sers-toi de tout ce que tu vis. N’aie pas peur de ce que tu ressens… Lola, regarde-moi, regarde-moi. Ferme les yeux. Ecoute. Montre-moi avec ça (elle pose sa main sur le cœur de Lola). Sers-toi de ton corps. Deviens un instrument, montre-moi ce qu’il y a là-dedans. Oui, oui, c’est ça, continue, c’est bien… Tu dois sentir quel chemin prendre pour traverser tes peines et trouver la joie. Quand tu acceptes d’être vulnérable, tu deviens forte. C’est la voie du Tarab.


Lola : Le Tarab ? C’est quoi le Tarab ?


Ismahan : Chut… Ne pense pas. Ressens. Oui. C’est ça. Continue comme ça…



Précision : « Le tarab, en arabe *, désigne une émotion d’une grande ampleur, une extase, une communion des sens entre le spectateur et l’interprète, qui permet d’exhaler l’âme dans le tourbillon de la musique et de la danse et de la porter au firmament d’une ivresse artistique ». C’est un état indicible, véritable invitation à parcourir la palette des émotions de l’âme humaine : l’amour, la joie, la tristesse, le désir, la passion…

Et puis Lola est repérée par un impresario qui lui propose de danser sur la prestigieuse scène du « Nile Tower », où s’était produite jadis Ismahan, avant d’être rejetée au banc de la société pour une faute commise alors qu’elle était mariée.


Lola est sur la scène du Nile Tower, elle vient de donner sa dernière représentation et doit repartir le lendemain à New York. Ismahan est cachée et assiste à sa dernière danse ainsi qu’à sa prise de parole. Lola remercie les égyptiens pour leur accueil et elle leur explique pourquoi elle souhaite retourner chez elle, à New York : pour partager avec ses amis new-yorkais la joie de la danse orientale. Et elle remercie surtout Ismahan, qui lui a enseigné cette danse et qui l’a aidée à comprendre le sens du proverbe arabe :

« Si tu as la volonté, ta force sera à la mesure de ton désir ».

(C’est Zack qui lui avait parlé de ce proverbe au début de leur histoire à New-York).


Lola est revenue à New York, elle a retrouvé son ami Youssef. Elle reçoit un jour une lettre d’Ismahan. Voici ce qui est écrit dans cette lettre :


« Quand tu es venue chez moi le premier jour et que tu as oublié la cassette, j’ai failli te rattraper pour te la rendre. J’ai hésité un moment. Tu sais le quart de seconde qui peut changer toute une vie. Mais aujourd’hui je suis fière d’avoir été ton professeur. Tu l’as atteint ma Lola. Le Tarab. Cet état de grâce. Quand tu cesses de danser sur la musique et deviens toi-même l’instrument. Quand jaillit enfin tout ce qu’il y a au fond de toi. J’ai senti ton énergie qui lavait mon âme comme par magie. Merci d’avoir partagé… Tu es entrée dans ma vie comme une étoile filante. On fait tous un vœu quand on en voit une. Mon vœu a été exaucé avant même que j’y mette des mots »…


Belle histoire d’amitié entre ces deux femmes qui ont uni leurs destinées, sublimées avec la danse…


Khalil Gibran l’avait lui aussi joliment écrit :

« Si tu danses la beauté, même dans la solitude du désert tu trouveras un œil émerveillé ».


Ce poète né au Liban devait quant à lui terminer sa destinée à New York, en 1931.

Auteur du recueil « Le Prophète », publié en 1923, il a cherché à transmettre à travers ses écrits de grandes valeurs comme la liberté, l'amour, le respect de l'autre. Pour lui, la voie de la sagesse est toujours à notre portée. L’homme est conscient de son potentiel de réalisation, il peut toujours aller « au-delà ». Et il invite à rêver pour faire jaillir notre nature profonde.


Rêver, et réaliser ses rêves pour se révéler, pour devenir la plus belle version de soi-même.

C’est cela qu’a découvert Lola…

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